Oyem : 3 jeunes gabonais condamnés à perpétuité pour meurtre avec torture sur une sexagénaire

La session criminelle 2024-2025 de la Cour d’appel judiciaire d’Oyem s’est ouverte par une affaire particulièrement macabre. Trois jeunes Gabonais – Simplice Allogo Allogo, alias « Jésus », Juvénal Ekoua Mba, dit « Zagalo », et Ludovic Biyoghe Ella, surnommé « Ezé » – ont été condamnés le 28 juillet à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Noëlle Zang Ondo, sexagénaire retrouvée ligotée, bâillonnée et agonisante dans sa chambre. Les faits remontent au 13 novembre 2020, dans le quartier Nkomayat, 2ᵉ arrondissement de la commune d’Oyem.
Selon l’accusation, les trois hommes se seraient introduits par le plafond dans la chambre de la victime, qu’ils auraient violemment agressée pour une somme dérisoire de 5 000 francs CFA, fruit d’un différend lié à des travaux de nettoyage. Alertés par les cris de leur tante, deux enfants présents dans la maison donnent l’alerte. Bien que les militaires soient intervenus rapidement, ils découvrent Noëlle Zang Ondo grièvement blessée, ligotée et presque inerte. Elle décède peu après son admission au Centre hospitalier régional d’Oyem.
Lors de l’audience marathon de plus de 13 heures, la Cour d’appel présidée par Frédérique Nina Marcelle Ndombi Bitar n’a laissé place à aucune clémence. Les accusés ont été reconnus coupables de meurtre avec torture et actes de barbarie, des infractions sévèrement punies par les articles 209 du Code de procédure pénale et 223-224 du Code pénal gabonais. Malgré la ligne de défense adoptée par les avocats Ferdinand Abena Bidzo’o et Pierre-Claver Ndong Ondo, qui ont plaidé l’acquittement au bénéfice du doute, la Cour a suivi les réquisitions du procureur général Armand Goussa Landou.
Les témoignages accablants ont pesé lourd dans la balance, notamment celui de M.A.O., la jeune nièce de la victime, alors âgée de 12 ans, qui a entendu les cris de détresse de sa tante et les menaces proférées par les agresseurs. « Où est l’argent ? », aurait crié l’un d’eux alors que la sexagénaire implorait de l’aide. Ce témoignage poignant a été déterminant dans la décision du jury, qui a retenu la préméditation et la violence extrême des faits.
Deux autres individus, initialement soupçonnés, ont été blanchis au cours de l’enquête préliminaire. Il s’agit de Christ Géraud Essono Edzang et Armel Essima Nguema, pour lesquels aucune preuve n’a pu être établie. L’enquête, conduite par l’antenne provinciale de la Police judiciaire, a néanmoins permis de remonter jusqu’aux trois condamnés, qui ont toujours nié les faits malgré les éléments à charge accumulés au fil de la procédure.
Cette affaire relance le débat sur la sécurité dans les zones urbaines intermédiaires comme Oyem et sur la prise en charge des victimes de violence. En condamnant les accusés à la peine maximale prévue par la loi, la justice gabonaise entend dissuader tout acte similaire à l’avenir et réaffirme sa détermination à lutter contre les crimes les plus odieux. Pour la famille de Noëlle Zang Ondo, cette décision judiciaire est un premier pas vers le deuil.
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